Enquête auprès des couples sur la charge mentale estivale et le stress de la rentrée
Alors que les vacances approchent de la fin pour des millions de Français(es), le site Bons plans Voyage New York publie une étude de l’Ifop qui montre que les congés d’été n’ont pas été de tout repos pour tout le monde, en particulier pour des femmes, sur qui pèse la charge mentale à la fois sur leur lieu de villégiature – où elles assument l’essentiel du travail domestique et parental – mais aussi au retour où elles assument le gros du stress et des tâches liées à la rentrée : valise à boucler, linge à laver, fournitures scolaires à acheter, recherche de garde d’enfants… L’analyse de l’étude montre ainsi qu’en dépit d’une période où leur conjoint est censé être plus disponible, le partage inégalitaire des corvées domestiques se prolonge (voire s’amplifie) pendant les vacances : l’absence d’équité dans la division sexuelle du travail domestique restant symptomatique de la persistance d’un “privilège de genre” particulièrement pesant sur les épaules des femmes les plus modestes.
Les chiffres clefs de l’enquête
Fatigue physique et stress à la rentrée : des phénomènes très genrés
- À la fin de leurs congés, les femmes s’avèrent beaucoup plus fatiguées et stressées que les hommes, notamment quand elles n’ont pas séjourné dans un club ou un hôtel.
- Et leurs conjoints ne sont pas aveugles face à cette situation : parmi les couples partis avec leurs enfants, les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes à reconnaitre qu’ils se sont plus reposés que leur conjointe.
- Et cette difficulté à se reposer durant les congés est beaucoup plus forte parmi les femmes des milieux modestes ou les plus en charge du travail domestique.
- La majorité des femmes parties en couple cet été déclarent s’être plus chargées des tâches domestiques que leur conjoint durant leurs vacances.
- La surcharge du travail domestique des femmes se retrouve dans toutes les tâches liées à l’organisation du séjour au quotidien, notamment dans la gestion du linge et du ménage.
- Mais c’est chez les couples partis en congés avec des enfants que l’inégale répartition des tâches parentales entre hommes et femmes est la plus criante.
- La différence de stress entre les sexes est, elle aussi, à mettre en perspective avec les “soucis de la rentrée”, source de préoccupation beaucoup plus lourde pour les femmes et les Français(es) aux revenus les plus modestes.
- Il est vrai que les femmes assument l’essentiel des tâches parentales relatives à la fin des vacances : valise à boucler, linge à laver, fournitures scolaires à acheter, recherche de garde d’enfants…
- Mais le stress en fin de congés n’est pas forcément lié qu’à une situation de “burn-out domestique”. Il est aussi à relier au fait que les estivants sont nombreux à finir les vacances dans une situation de stress financier et ceci alors même qu’ils appartiennent souvent à la frange la plus aisée de la population.
Un différentiel de fatigue lié à une inégale répartition des tâches domestiques et parentales
La difficulté à décompresser est aussi liée au stress de la rentrée, plus fort chez les femmes qui gèrent l’essentiel des tâches liées au retour des vacances
Le point de vue de François Kraus
Directeur du pôle “Genre et sexualités” à l’IFOP
“Cette enquête montre bien que les femmes ne sont jamais autant en vacances que les hommes puisque durant cette période, elles subissent toujours l’inégale répartition des tâches domestiques vécue le reste de l’année. Or, cette iniquité vacancière entre les sexes empêche nombre de femmes de « recharger les batteries » comme elles le devraient, et encore plus lorsqu’elles ne peuvent pas déléguer la gestion de la vie de famille estivale (ex : repas) à une tierce personne (ex : grands-parents, personnel). Cette dévolution passéiste de l’organisation des vacances aux femmes repose sur une vision indéniablement conservatrice de leur temps libre et une injonction sociale très forte : faire passer le bien-être de leur famille avant leurs propres besoins… En ce sens, appréhender les vacances sous le prisme du genre permet de montrer que la trêve estivale ne remet pas en cause les modèles conjugaux et familiaux inégalitaires, voir même qu’elle les aggrave. Pourquoi ? Parce que si l’activité professionnelle d’une femme légitime une répartition du travail domestique plus égalitaire, les moments d’inactivité comme les vacances favorisent un retour en arrière à son rôle « naturel » : s’occuper avant tout de ses enfants et de son foyer.”
A – Fatigue à la fin des congés et stress de la rentrée : des difficultés physiques et psychologiques très genrées
1 – Contrairement aux idées reçues, les congés d’été ne sont pas de tout repos pour tout le monde, en particulier pour les femmes qui, globalement, achèvent leurs congés beaucoup plus fatiguées et stressées que les hommes.
À la fin de leurs congés, les femmes s’avèrent beaucoup plus fatiguées (70%) que les hommes (57%), notamment lorsque leur mode d’hébergement ne leur permettait pas – comme cela peut-être le cas dans un hôtel ou un club de vacances – de déléguer à autrui la gestion des tâches du quotidien (ex : repas). Leur niveau de fatigue est ainsi plus marqué chez les femmes ayant séjourné dans leur résidence secondaire ou dans une location : 71%, soit une vingtaine de points de plus que chez leur conjoint (52%). A la fin de cette période, pourtant associée à la détente et au repos, les femmes en couple hétérosexuel sont également nettement plus stressées (53%) que les hommes (39%), signe qu’elles ont plus de mal à couper avec les soucis du quotidien que leurs conjoints.
2 – À l’inverse, dans les couples partis en vacances avec leurs enfants, les hommes sont deux fois plus nombreux (56%) que les femmes (28%) à reconnaitre qu’ils se sont plus reposés que leur conjointe durant les vacances.
Et dans les couples ayant séjourné avec des enfants dans une résidence qui leur est propre, la proportion d’hommes se sentant plus reposés que leur conjointe est encore plus élevée : 67% contre à peine 34% chez les femmes. Le statut parental (nombre et âge des enfants) et le mode d’hébergement jouent donc beaucoup dans la difficulté des Françaises à recharger les batteries autant que leur conjoint.
3 – Mais cette difficulté à se reposer durant leurs congés est aussi beaucoup plus grande parmi les femmes des milieux modestes ou surchargées de travail domestique.
En effet, la proportion de femmes n’ayant pas pu se reposer comme elles l’imaginaient avant de partir ou ayant réussi à se débarrasser du stress lié à la gestion de la vie de famille est beaucoup plus forte dans les rangs des femmes faisant beaucoup plus de tâches domestiques que leur conjoint ou chez les femmes ayant peu de moyens financiers (moins de 100 € sur le compte bancaire à la fin des vacances).
B – Un différentiel de fatigue entre les sexes lié à une inégale répartition des tâches domestiques durant les congés
4 – Cette différence de fatigue entre les sexes tient au fait que les femmes parties en couple cet été ont assumé globalement beaucoup plus de tâches domestiques que leur conjoint durant les vacances.
Alors qu’on aurait pu s’attendre à un plus fort investissement des hommes dans leur foyer durant cette période propice au repos, le surcroît de travail domestique observé toute l’année dans la gent féminine se prolonge durant les vacances d’été. En effet, la division des tâches et des rôles entre hommes et femmes continue à présenter des traits inégalitaires si l’on en juge par la proportion de Françaises qui déclarent globalement en faire “plus” que leur conjoint en matière de tâches domestiques : 53% contre 39% qui disent en faire “à peu près autant” et seulement 8% qui se prévalent d’en faire “moins” que lui.
5 – Et la surcharge du travail domestique des femmes se retrouve dans toutes les tâches liées à l’organisation du séjour au quotidien, notamment dans la gestion du linge et des repas.
Fruit d’un conditionnement de genre qui assigne les femmes à la sphère domestique, cette inégale répartition des tâches transparaît avant tout dans ce qui relève de la “bonne tenue” intérieure de leur lieu de villégiature : 69% des femmes en couple (hétérosexuel) se sont occupées du linge (contre à peine 11% des hommes selon leurs dires), 47% du ménage (contre 10% des hommes) et 47% de faire le lit du couple.
De même, durant ces congés d’été, l’activité culinaire est restée inlassablement une affaire de femmes… Par exemple, la préparation du plat principal a incombé très nettement aux femmes (48%, contre 28% des hommes). Et le surcroît de travail féminin dans l’élaboration des repas est général, exception faite de la cuisson des aliments au barbecue qui reste l’apanage de la gent masculine (à 51%, contre 25% des femmes).
6 – Mais c’est chez les couples partis en congés avec des enfants que l’inégale répartition des tâches parentales entre hommes et femmes est la plus criante
Effectivement, les marqueurs de l’iniquité vacancière entre les sexes sont encore plus frappants dès lors qu’il s’agit de s’occuper des enfants ou bien de planifier leurs activités quotidiennes en vacances. Parmi les personnes en couple qui sont parties cet été avec leurs enfants, ce sont les femmes qui se massivement chargées de faire leurs valises (71%, contre 12% des pères), de l’entretien quotidien de leur linge (72%, contre 13%) ou de préparer leurs repas en cas d’activités extérieures (53%, contre 17%). De même, elles se sont beaucoup plus occupées (46%) que leur conjoint (13%) du suivi éducatif. La seule activité partagée à part égale entre hommes (16%) et femmes (19%) est une activité ludique – valorisées comme des bons moments parents-enfants -, à savoir le fait de jouer avec les enfants.
La difficulté à décompresser est aussi liée au stress de la rentrée, plus fort chez les femmes qui gèrent l’essentiel des tâches liées au retour des vacances
7 – La différence de stress entre les sexes est, elle aussi, à mettre en perspective avec les “soucis de la rentrée”, source de préoccupation beaucoup plus lourde pour les femmes et les Français(es) aux revenus les plus modestes
Si la rentrée scolaire, universitaire ou professionnelle est une source de stress et d’anxiété pour plus d’un Français sur deux partis en vacances (53%), la perspective d’un retour à la vie quotidienne et à ses problèmes constitue une source de préoccupation beaucoup plus lourde pour la gent féminine : 60% des femmes parties en congés cet été avec leur conjoint se disent préoccupées par les problèmes à gérer à la fin des vacances, contre 47% des hommes. Et très logiquement, ce type de stress affecte encore plus les catégories populaires (jusqu’à 69% des personnes aux revenus inférieurs à 1 000 € nets/mois).
8 – Il est vrai que les femmes assument l’essentiel des tâches parentales relatives à la fin des vacances : valise à boucler, linge à laver, fournitures scolaires à acheter, recherche de garde d’enfants…
Le sur-stress féminin observé en fin de congés s’explique aussi par le fait que l’essentiel des tâches liées au retour à la vie quotidienne est géré pour l’essentiel par les femmes. C’est particulièrement le cas de la gestion de la valise du retour – réalisée par 65% des femmes – ou du nettoyage du linge au retour de congés mené par 74% des femmes (contre 10% des hommes). Mais c’est aussi net en ce qui concerne l’achat des fournitures scolaires (géré à 64% par les femmes) ou l’inscription des enfants dans diverses activités (géré à 55% par les femmes). Seule la recherche d’une solution de garde des enfants le soir est une tâche prise en charge de manière relativement équilibrée.
Les réponses des femmes montrent qu’elles assument massivement la gestion de la valise et le lavage du linge au retour.
9 – Mais le stress en fin de congés n’est pas forcément lié qu’à une situation de “burn-out domestique”. Il est aussi à relier au fait que les estivants sont nombreux à finir les vacances dans une situation de stress financier et ceci alors même qu’ils appartiennent souvent à la frange la plus aisée de la population.
Plus d’un Français sur quatre (28%) ont fini leurs congés avec moins de 100 € sur leur compte bancaire, 9% d’entre eux déclarant même avoir fini leurs vacances à découvert. Et très logiquement, cette situation est beaucoup plus fréquente dans les rangs des personnes aux revenus les plus modestes : 36% des personnes ayant des revenus inférieurs à 1 000 € nets/mois disposaient de moins de 100 € sur leur compte bancaire à la fin de leurs vacances.
D – Le “bon plan” durant les vacances : un moyen d’alléger les tensions au sein du couple et d’éviter le découvert de la rentrée
10 – Dans ce contexte inflationniste où les difficultés financières pèsent sur le moral Français(es) y compris en fin de congés, les solutions permettant d’alléger la facture ont naturellement le vent en poupe : plus d’un estivant sur trois (35%) a bénéficié cette année d’un “bon plan” durant ces vacances.
Et très majoritairement, ces estivants ayant bénéficié d’un “bon plan” saluent ses effets positifs sur leurs vacances ! 86% reconnaissent qu’ils ont amélioré leur moral et leur plaisir d’être en vacances et les deux tiers (63%) qu’il a joué un rôle important dans leur décision de prendre ces vacances.
Pour lire les résultats complets de l’étude, cliquez sur le lien ci-dessous :
Résultats de l’enquête IFOP pour Bons Plans Voyage New York
Étude Ifop pour Bons Plans Voyage New York réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 18 au 21 août 2023 auprès d’un échantillon de 2 004 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, incluant 1 364 personnes en couple.
Commentaires et questions sur
Pourquoi les femmes finissent leurs vacances d'été moins reposées que les hommes ?
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